Locus Solus, premier projet participatif en locatif social, Bordeaux, 2019.
Ceci n’est pas un projet de logements La spécificité de ce projet est à l’origine, la volonté de la maitrise d’ouvrage d’associer « l’expert habitant ». Une pratique novatrice dans le logement social locatif. L’objectif est de pouvoir disposer de l’expérience de l’habitant dans la fabrication de son propre logement et dans « l’habité » collectif. Dès lors, la question pour l’architecte est comment se saisir de cette intention; quel type de projet peut-elle générer ? Pour nous, le leitmotiv a été de donner « du jeu », à tous les sens du terme : de l’espace, des possibilité, des règles et surtout... du plaisir.
Le projet crée son propre terrain, en terrasse au dessus du parking existant. L’économie généré permet de libérer un vaste parvis qui accueillera, selon la volonté de la maîtrise d’ouvrage partagée par les habitants, une ferme urbaine. À partir de cet espace, une structure poteau - poutre de 17 m de large sur 66 m de long et sur 6 étages accueille les logements. Cette structure est flexible, aucun mur de refend ne l’interrompt. Le contreventement est assuré par les escaliers disposés à l’extérieur. La distribution est réalisée par de larges coursives de 3m et chaque appartement est prolongé par une terrasse de 3m sur toute la longueur.
À partir de cet état, les habitants* deviennent les co- concepteurs du projet et, ensemble, il définissent les priorités : les logements seront plus grands que les standards habituels, ils seront largement vitrés, les terrasses seront des jardins d’hiver. Ils font aussi des choix financiers. Se donner du « jeu », toujours ! Les finitions seront à leur charge et les prestations seront « brutes ». Sur la dalle, d’autres type de programmes doivent être mis en œuvre dans une volonté d’ouvrir le lieu au public. La cohérence du projet est alors garantie et son esthétique sera sa résultante « as a matter of fact ».
*« J’aimerais vraiment qu’un plus grand nombre de personnes qui vivent dans nos quartiers puissent avoir de telles opportunités. Parce qu’être pris en considération pour construire quelque chose d’aussi important que l’endroit où l’on vit, c’est aussi reprendre de la confiance et du contrôle sur nos existences et ça c’est quelque chose qui m’a prise par surprise avec les mois passés ici. C’est une notion encore en mouvement parce qu’on réalise des choses nouvelles continuellement. » Delphine, le 09 mai 2022.
Voir la présentation du projet par Antoine Carde pour l'Architecture Foundation sur Youtube, ICI