Une résidence solidaire est une résidence normale, à quelques détails près…
Il s’agit avant tout de proposer des logements de qualité : au moins traversants, des pièces de vie vers le cœur d’ilot, un prolongement du logement par de larges balcons, des espaces de rangements en balcons et coursives, des typologies variées… et de délicates attentions.
À partir de cette exigence de qualité, le propos est de permettre et jamais d’imposer. Il nous semble que la notion du « vivre ensemble » ne se décrète pas, elle peut juste être favorisée.
Dans ce contexte, nous avons élaboré plusieurs stratégies.
Élargir des fonctions.
Le fait d’« élargir des fonctions », consiste en agissant sur quelques variables à permettre à un espace au départ vaguement fonctionnel d’offrir des possibilités d’échanges ; une coursives de 2,50m de large permet de poser des chaises.
L’alibi.
Une autre stratégie mise en œuvre est « l’alibi ». Alfred Hitchcock raconte dans ses échanges avec François Truffaut que les intrigues de ses films lui importe peu : la poudre secrète que poursuivent plusieurs espions n’est qu’un prétexte, un alibi, à raconter une histoire follement sentimentale entre les deux héros… Nous ne faisons pas autrement en proposant un jardin potager en sacs où la finalité n’est évidemment pas de se lancer dans le maraichage.
L’adossement.
Enfin, « l’adossement » permet dans l’organisation spatiale de rapprocher un espace d’une pratique en imaginant que les probabilités pour qu’un échange se produisent soient plus fortes.
OPÉRATION : construction de 26 logements BBC & HE, commerces et parking enterré
« Un film léger parlant de choses graves vaut mieux qu’un film grave parlant de choses légères. »
Jacques Demy, 16 juillet 1964.
Cet établissement est situé allée de la jetée, à Bélisaire, au Cap-ferret. Lieu hautement touristique l’été, il est constitué d’une voie piétonne qui se prolonge par une jetée. D’un côté de la voie s’étendent restaurants, crêperies et bars, de l’autre un jardin dense, planté de pins maritimes.
Le maître de l’ouvrage veut transformer une crêperie en bar à tapas.
La façade de ce bâtiment est tout à fait faussement basque : une caricature à échelle réduite de celles qui recouvrent la presqu’île. Nous ajoutons une autre caricature à ce décor : un bar habillé d’une robe flamenco. Le « parement flamenco » est fait en toiles enduites de PVC du type de celles utilisées pour les camions. Galonnées, elles sont posées sur un jonc coulissant. Elles assurent la protection des meubles et sont facilement lavables. Leur faible coût permet un changement du décor «à volonté» : robe savoyarde pour un bar raclette, kimono pour un bar à sushi… Le comptoir est constitué de meubles en contreplaqué démontables et remisés dès la saison terminée dans la cuisine (débranchements aux réseaux, démontage et remisage : une journée à deux personnes).
L’ensemble est protégé par une toiture polyester verte sur une ossature démontable en acier galvanisé. Des filets d’ombrage agricole filtrent la lumière et la chaleur. L’éclairage est assuré par des tubes fluos suspendus comme des pendentifs donnant une lumière froide typique des bar à tapas espagnols. Les cuisines sont colorées par une lumière rouge. Le soir, un rideau «forain» translucide clôt l’ensemble.
Carte Claire & Xavier Dessalle, photos Xavier Conti & David Pradel.
Une faïence jaune vif tapisse les murs sur une hauteur de 2,07m. Les signalisations sont des autocollants de couleur vives indiquant la nature du local ; le sol est en bitume ; Le faux plafond du préau est réalisé en bac aluminium et renvoie lumière et couleurs tous azimuts. L’écriture du projet est orientée vers l’usage, l’antichoc, la culture urbaine et le surfshop.
Les Landes comme la Finlande
Dans la continuité de ce qui a été initié dans les phases précédentes, le préau devient vaste et traversant. De la nouvelle entrée, au nord, la cour, au sud sera visible. La vue traversera toute l’emprise du collège, le reliant à l’espace urbain. Une horloge donnera l’heure dans le monde entier : les Landes, comme la Finlande. Le département des Landes, pionnier en la matière, a mis en place un vaste programme d’équipement informatique des collégiens. Chaque élève dispose d’un micro ordinateur portable qu’il doit pouvoir ranger dans un casier fermé. À cette évolution pédagogique correspond une évolution dans la typologie scolaire. Nous mettons en place un espace de casiers, sous la forme d’une salle hypostyle.
Arbres à Kiwis et confiture
Pour des raisons fonctionnelles, l’administration doit être reconstruite près de l’entrée, nouvellement créée. Nous proposons l’implantation d’un bâtiment sur la limite Nord Est, coincé entre le mitoyen et la cour. Il est de forme étiré, afin de limiter son emprise; sa façade est totalement vitrée selon un rythme qui suit très exactement la taille des espaces, qui eux même sont proportionnels à la fonction : principal : 20m2 ; principal adjoint 20m2, gestionnaire :15m2 et ainsi de suite. Cette trame ne suit pas la trame constructive qui est très exactement celle du collège existant : la trame de 3,50 m Éducation Nationale. Une coursive devant la façade relie l’entrée principale et le bâtiment administration. Afin d’assurer la protection solaire, nous mettons en place un palissage verticale sous la forme d’un filet tendu. Les passages à travers ce filet sont des trous en forme de paraboles inversées. Des arbres à kiwis, devenus emblématiques des Landes, sont plantés et palissés sur ce filet. Chaque année, une confiture de Kiwis sera réalisée.
OPÉRATION : construction d’une nouvelle administration et réhabilitation du rez-de-chaussé de l’externat en site occupé
LOCALISATION : Tarnos, Landes
BUDGET : 820 000€ H.T.
COÛT : 863 €/m2 H.T.
SURFACE : 950 m2 à réhabiliter, 310 m2 d’extension
MAÎTRE D’OUVRAGE : Conseil Général des Landes
MISSION CONFIÉE : mission de base avec DQO
BET TECHNIQUE : Math Ingénierie
LIVRAISON : 2008
Publication dans la revue « Le Festin » hors série, L’Aquitaine en 101 monuments, décembre 2008
La résidence « Monte Cristo » existe par la Garonne pour la Garonne.
Elle est exactement parallèle à son lit et dans la même direction. Sa position excentrée par rapport à Bordeaux et contre le fleuve lui donne ce point de vue extérieur cher au philosophe ; un véritable exposé sur le développement de la ville de Bordeaux classique à ses faubourgs contemporains. Le point de vue le l’intime, de l’appartement, de la fenêtre génèrent un paysage familier comme le chien domestique ; le balancement régulier des 6 heures de marées rythment presque éternellement les mutations du paysage à ses pieds, sous ses yeux.
« Si un paysage existe, il n’y a rien faire si ce n’est se glisser délicatement dedans. Face à la mer, regarder la mer. » (A. Lacaton & J.P. Vassal)